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https://www.lapresse.ca/sports/chroniques/2024-07-23/la-presse-a-paris/un-apres-midi-chez-emmanuel-macron.php

(Paris) L’invitation est arrivée par courriel samedi soir.

Publié à 1h18 Mis à jour à 5h45
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Pour assister à une réception d’Emmanuel Macron chez lui, au Palais de l’Élysée, présentez-vous lundi, à 13 h 15, devant la porte du 55, rue du Faubourg Saint-Honoré. Il y recevra des membres de la presse internationale. « Il s’agit d’un temps convivial. Aucun matériel (caméra, appareil photo) ne sera autorisé », précisait-on. Suivaient les instructions pour se rendre en métro. Pas un mot sur le code vestimentaire.

J’ai ouvert ma valise. Un polo blanc. Un polo noir. Deux polos bleus. Deux polos verts. Un chandail kangourou. C’est tout ? Oui, c’est tout.

Je suis allé acheter un veston…

Lundi midi, je me suis engouffré dans le métro pour en ressortir à la station Madeleine. J’ai ensuite emprunté la chic rue du Faubourg Saint-Honoré, où les vitrines d’Hermès, Cartier et Chanel m’ont rappelé que j’avais peut-être sous-investi dans ma garde-robe du jour. Je me suis rendu jusqu’au 55. Des policiers ont vérifié mes papiers. Une minute plus tard, j’étais dans la cour intérieure du Palais.

 

C’est comment ?

Joli, sans être ostentatoire. On monte ensuite huit marches pour accéder au vestibule, puis à une antichambre, transformée pour l’occasion en petite boutique. On nous proposait d’acheter des crayons de l’Élysée. Des bas de l’Élysée. Des porte-clés de l’Élysée. Il y avait même des calepins de pétanque de l’Élysée. Quelques mètres plus loin, une autre pièce. Spectaculaire. Un plafond vitré aux couleurs du drapeau français laisse passer la lumière, pendant qu’un petit orchestre joue un air classique. La réception est prévue dans la salle attenante, parée de feuilles d’or, de toiles et de chandeliers. Ça en jette.

 

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PHOTO ALEXANDRE PRATT, LA PRESSE

Un petit orchestre jouait un air classique sous un plafond vitré aux couleurs du drapeau français quand notre chroniqueur a visité l'Élysée.

Une centaine de journalistes étrangers font le pied de grue. Pendant les deux premières heures, il ne se passe absolument rien. Puis notre hôte arrive enfin sur le podium pour un court discours.

« Il y a sept ans, le lendemain de mon déménagement à l’Élysée, une de mes premières rencontres ici, c’était pour préparer les Jeux olympiques, a-t-il souligné dans un anglais cassé. À l’époque, ce n’était qu’un rêve. Quelques semaines plus tard, nous allions à Lausanne pour convaincre le CIO de choisir la France et Paris. »

Emmanuel Macron s’est félicité que les Français aient réussi à livrer le projet « dans les temps, dans les budgets, et de la meilleure façon qui soit ». Il a promis une cérémonie d’ouverture « unique », en plein air, sur la Seine. « Je peux vous dire qu’au début, ça semblait être une idée folle. Mais nous avons décidé que c’était le bon moment pour travailler sur cette idée folle, et la concrétiser. Les artistes du monde entier, les danseurs et les orchestres transformeront la Seine en un grand théâtre. »

 

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PHOTO LUDOVIC MARIN, FOURNIE PAR REUTERS

Le président français, Emmanuel Macron, et le président du Comité international olympique, Thomas Bach

« Je rappelle toujours aux gens que plusieurs édifices dans le quartier où nous nous trouvons ont été créés pour l’Exposition universelle de 1900. Ces infrastructures ont transformé la ville. Les Jeux [de 2024] changeront à leur tour la vie de ce pays. »

L’allocution a duré 10 minutes, après quoi les invités se sont dirigés vers les magnifiques jardins, où les plus belles délicatesses gastronomiques de la France n’attendaient qu’à être mangées.

J’ai peut-être glissé un macaron dans mon veston…

 

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PHOTO ALEXANDRE PRATT, LA PRESSE

Les invités ont eu droit aux plus belles délicatesses gastronomiques de la France.

* * *

Dans l’agenda d’Emmanuel Macron, cette allocution équivalait à une pause Kit Kat. Autrement, le président gère des crises, qui s’enchaînent à la douzaine.

Les récentes élections législatives, qu’il a lui-même déclenchées, ont plongé la France dans une tempête politique. Qui formera le prochain gouvernement ? Deux semaines après le dévoilement des résultats, le mystère reste entier. La gauche gronde. La droite s’époumone. Même le centre, son fief, bouillonne. C’est la pagaille.

En Nouvelle-Calédonie, le mouvement indépendantiste progresse. En Nouvelle-Aquitaine, les écologistes manifestent contre la construction de mégabassines. Un peu partout sur le territoire, les actes antisémites et antimusulmans se multiplient.

La France étant le pays européen avec la plus grande communauté juive, la guerre entre Israël et le Hamas est un sujet particulièrement sensible ici.

Dans ce climat de haute tension, la peur des Français, c’est que des militants extrémistes profitent de l’extraordinaire tribune des JO pour perpétrer un acte terroriste. Le gouvernement a d’ailleurs placé les forces de l’ordre en mode « urgence attentat ». Qu’est-ce que ça signifie ? Ce que ça suggère. Sur l’échelle du risque, c’est le niveau le plus élevé.

La cérémonie d’ouverture en plein air cristallise toutes ces inquiétudes. Déjà, la couverture policière est intense. Très, très intense. Trop, se plaignent les locaux.

 

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PHOTO KAI PFAFFENBACH, REUTERS

Une patrouille armée devant la tour Eiffel, où seront présentés les matchs de volleyball de plage.

Dans les quartiers centraux, les rues qui mènent à la Seine sont barricadées. Si votre logement ou votre hôtel est situé sur les bords de la Seine, vous devez vous procurer un code QR auprès de la Ville, puis le montrer aux policiers qui gèrent les barrages. Pas de code ? Pas de passage. C’est aussi simple que ça.

Ça plombe l’ambiance.

Lorsque je suis arrivé à Paris, il y a deux semaines, les rues étaient bondées. Les terrasses débordaient. La ville pétillait comme du champagne fraîchement servi. Le soir de la demi-finale de l’Euro, on pouvait suivre le fil du match France-Espagne à chaque coin de rue. Ici, sur les écrans des restaurants. Là, grâce à des ados regroupés autour d’un téléphone, près du Panthéon.

Ce soir-là, mon amoureuse et moi avons dîné chez Kodawari, où on sert les meilleurs ramens de la rive gauche. À notre arrivée, nous étions 85es sur la liste d’attente. Notre patience d’une heure et demie a été récompensée. C’était sublime. Tellement que j’y suis retourné samedi dernier.

Cette fois, c’était différent.

Une clôture d’une centaine de mètres défigurait la rue Mazarine. Des patrouilles de quatre à six policiers quadrillaient le secteur. Devant Kodawari, aucune file d’attente. J’ai eu une place dans la minute. À un lancer de javelot, le boulevard Saint-Germain, grande artère animée du quartier, était désert, parcouru seulement par quelques bus, taxis et voitures de police.

Devant la vitrine de la Galerie Bacquart, dans le même arrondissement, j’ai noté ce message : « Quatre semaines avec barrières, sans client ni compensation, Fxxk les JO. »

 

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PHOTO ALEXANDRE PRATT, LA PRESSE

Des messages ont été inscrits sur les barrières devant la vitrine de la Galerie Bacquart.

Ça, c’est dans la zone rouge. Celle accessible aux piétons.

Dans le périmètre gris, où le code QR est requis, le calme est encore plus frappant. Des commerces ont simplement fermé boutique le temps des JO. Dimanche, le Pont-Neuf, haut lieu touristique de la capitale, était aussi peu fréquenté qu’un cul-de-sac de Sainte-Julie un mardi après-midi.

 

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PHOTO EMMANUEL DUNAND, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Pont-Neuf, habituellement bondé, se trouve à l’intérieur du périmètre gris.

* * *

Si la tribune des JO est attrayante pour les politiciens et les extrémistes, elle l’est aussi pour les athlètes militants.

« Cette génération d’athlètes est exceptionnellement activiste », note le chroniqueur Simon Kuper, du Financial Times. « Ils disposent des réseaux sociaux, et les causes qu’ils défendent se sont multipliées, de Black Lives Matter à l’Ukraine en passant par Gaza. »

On l’a vu aux Jeux de Tokyo. Dans la NBA. Dans la NFL, où les joueurs prient ensemble sur le terrain. Que vous soyez d’accord ou non n’y changera rien. Même la règle 50,2 du Comité international olympique, qui permet de punir les actes militants sur les sites des compétitions, ne dissuade plus les athlètes.

Pensez-vous vraiment qu’un Ukrainien qui souhaite rendre hommage à des compatriotes morts au front se souciera de la clause 50,2 ? Moi non plus.

La voix des athlètes porte plus loin que jamais. Ils le savent. Si les politiciens exploitent les JO pour redorer leur blason, pourquoi les sportifs, eux, ne pourraient-ils pas faire de la politique ? Pourquoi devraient-ils se taire ? Ont-ils moins de droits que vous et moi ?

L’Euro vient de nous donner un aperçu de ce qui nous attend. Des joueurs de l’équipe de France, par exemple, se sont prononcés contre le Rassemblement national aux élections législatives. On peut être pour. On peut être contre. Mais on ne peut pas les forcer au silence.

Cela dit, non, tout n’est pas permis. Un stade n’est pas un sanctuaire. Les lois y sont appliquées. L’incitation à la haine, la diffamation et le racisme y sont interdits. On en a eu deux exemples à l’Euro. Un joueur turc a célébré un but en effectuant le geste de ralliement d’un groupe violent d’extrême droite. Un autre footballeur, albanais, a pris un porte-voix après un match pour encourager ses compatriotes à chanter des slogans antiserbes.

Les deux joueurs ont été suspendus – à juste titre.

Contrairement à la formule consacrée de Juvénal – « du pain et des Jeux » –, les Jeux de Paris ne détourneront pas les spectateurs des enjeux de société.

Bien au contraire.

Ces Jeux, ils seront politiques.

Posté(e)
à l’instant, Kparon a dit :

j'aime souvent vous troller avec votre fronsse, mais je dois admettre que c'est beau cette ceremonie 

Nous aussi , on est surpris:mdr:

Je m'attendais  a un truc tout moisi et là, je suis choqué

 

A part le rose de mauvais gout:jjj:

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