L'article du Parisien sur Regragui :
De Corbeil-Essonnes au Mondial au Qatar, sur les traces de Walid Regragui, nouveau sélectionneur du Maroc
Walid Regragui, 46 ans va être nommé sélectionneur du Maroc pour la Coupe du Monde au Qatar. Une belle consécration pour celui qui a grandi et débuté à Corbeil-Essonnes.
Walid Regragui a remporté cette saison la Ligue des Champions Africaine avec le Wydad Athletic Club. Icon Sport/Ampe Rogerio
Par Laurent Pruneta
Le 13 août 2022 à 09h16
Après l’officialisation du départ de Vahid Halilhodzic jeudi, la Fédération Marocaine va confier le poste de sélectionneur à Walid Regragui (46 ans). De Montconseil, l’une des trois grandes cités (avec (avec la Nacelle et les Tarterêts) de Corbeil-Essonnes à la Coupe du monde au Qatar avec les Lions de l’Atlas, son chemin a pourtant été parsemé d’embûches. « Personne n’aurait pu imaginer qu’il connaisse une telle ascension », reconnaît Éric Akoun, son compère de l’attaque à Corbeil (DH, 6e division) à la fin des années 90. À l’époque, Rudi Garcia l’avait découvert en… équipe 3 de Corbeil.
« Pendant longtemps, j’ai préféré la cité au club, je faisais des tournois de quartiers tous les week-ends contre les autres cités de l’Essonne », expliquait Regragui qui avait déjà 23 ans lorsqu’il a tenté sa chance au Racing CF alors en National (3e division). Un passage qui lui a ouvert les portes du monde pro (Toulouse, AC Ajaccio, Santander en Espagne, Dijon, Grenoble) et lui a permis de devenir international marocain (45 sélections).
« Il a été un peu déçu par le foot français »
« Il s’est fait tout seul, personne ne lui a rien donné, poursuit Akoun. Mais il a été un peu déçu par le foot français. Il avait passé ses diplômes d’entraîneur mais il n’a pas eu d’ouverture. Ce qui lui arrive est juste la consécration de son travail. Il le mérite. »
« Comme d’autres binationaux formés en France, il a dû retourner aux racines pour avoir sa chance. Mais par rapport à Belmadi avec l’Algérie et Cissé avec le Sénégal, il arrive en sélection avec un gros bagage en club. Il a fait ses preuves partout où il est passé », explique le journaliste marocain Samy Mojtabi. ajoute-t-il.
Après avoir été adjoint en sélection du Maroc (2012-2013), l’ancien défenseur a en effet tout gagné : la Coupe du Trône (2015) et le championnat (2016) au Maroc avec le FUS Rabat, le championnat du Qatar avec Al-Duhail (2020), la Ligue des champions africaine (2022) et le championnat du Maroc (2022) avec le Wydad Casablanca. «Même s’il a perdu en finale de la Coupe du Trône, il sort d’une saison extraordinaire, rappelle Samy Mojtabi. Au Maroc, il a l’image d’un gagnant. C’est un peu l’entraineur à la mode. Il a une très bonne image parmi les supporters car c’est un ancien international qui a participé à l’épopée de 2004 (finaliste de la CAN face à la Tunisie). Il arrive avec un gros capital sympathie. Contrairement à Vahid, il a très bonne presse car c’est un bon communiquant qui sait sortir les punchlines quand il le faut.»
Il va apaiser les tensions avec certains joueurs et les medias
Avec Halilhodzic, les conférences de presse tournaient souvent au procès puis au monologue. L’arrivée de Regragui va permettre d’apaiser les tensions. Coach Vahid était aussi en conflit avec plusieurs joueurs comme Hakim Ziyech (Chelsea) qu’il n’avait pas retenu lors de la la dernière CAN au Cameroun. « Regragui va être un facilitateur dans les relations avec les joueurs, assure Samy Mojtabi. L’un de ses meilleurs amis, c’est Mehdi Benatia qui a pris sa retraite mais qui est encore très proche de plusieurs joueurs de la sélection. Disons que Regragui se place entre le laxisme et la proximité d’un Renard avec ses joueurs, et l’autoritarisme dictatorial d’un Vahid.»
Regragui a maintenant trois mois pour imposer sa griffe avant le Mondial au Qatar. « C’est très court mais il a de vraies idées sur le jeu et il est capable de les mettre en place, estime Éric Akoun. Mais ce qui est remarquable chez lui, c’est que malgré sa réussite, il n’a pas changé, il est resté le même. Il n’a pas oublié d’où il vient, il est humble. Il est toujours joignable, on arrive à l’avoir en direct. »
Pour preuve, cette confidence qu’il nous avait faite il y a quelques années :Je me suis battu pour en arriver là, Je suis fier d’avoir pu faire plaisir à ma famille et à mes amis du quartier. Mais je ne me considère pas comme un modèle de réussite. Les modèles, ce sont ceux qui s’élèvent grâce aux études, pas les footballeurs ou les rappeurs. J’ai juste montré la voie et prouvé que, si on s’en donnait les moyens, tout était possible.